Combien de fois, depuis notre voyage de
1996, avons nous répété : “Quand retourne-t-on en Birmanie ?”… Et bien, voilà :
nous arrivons de nuit à Yangon (ici, la nuit tombe à 18H), le contrôle des
passeports est interminable, les taxis ont les formes anguleuses des années 70
(notamment l’avantage d’un grand coffre, ce qui résoud bien le rangement de nos
bagages), pas de clim et des vitres qui se remontent à la manivelle, comme dans
le temps, et les chauffeurs arborent toujours le longhi traditionnel (une
longue et large jupe nouée devant) sur une chemise blanche. Nous en négocions
un, en dollars, qui nous conduit jusqu’à notre hôtel : un “grand standing”
d’état, suranné et froid, aux boiseries massives dans des couloirs
interminables. Qu’importe, les chambres sont immenses et confortables, la
piscine également gigantesque, quoique “old fashioned” et les Myanmar beers
bien fraîches au restaurant !
Grâce au réseau birman du Professeur Patel,
notre voisin à Deauville, nous rencontrons Mo Mo, une jeune birmane qui parle
un peu le français , et qui va faciliter l’organisation de notre périple d’un
mois dans son pays.
C’est donc dégagés de tout souci logistique
que nous partons arpenter à pied le centre de Yangon. Quelle crasse ! Quel
délabrement ! Les beaux immeubles coloniaux sont en totale décrépitude,
l’humidité rend tous les murs noirs de moisissures et les trottoirs sont
complètement défoncés… Nous avons l’impression que rien n’a été entretenu
depuis que nous sommes venus, il y a 16 ans. Même l’hôtel Strand, contemporain
du Raffles de Singapour, sans doute
parce que nous venons de voir le Raffles, nous apparaît petit et banal.
Le bord du port fluvial nous surprend plus
agréablement : près de la grande pagode dorée Botataung se déroule une fresque
de vie quotidienne très colorée de petites marchandes de fritures ou de fruits,
de vélo-taxi, de vieux camions moteur à l’air (tous les véhicules de transport
sont tellement vieux qu’ils roulent moteur ouvert pour qu’il ne chauffe pas
trop…) ; les échaffaudages précaires sont encore fabriqués en bambou ficelés ; les bateaux de bois multicolores à moteur servant au transport des passagers
sur l’autre rive le la Yangon River ne possèdent ni point mort ni marche
arrière : on le démarre (à la manivelle !) et on avance…
Retour vers la piscine pour un bain avant
de partager la dévotion des birmans à la pagode Schwedagon; cet immense et
splendide stupa doré de 100m de hauteur est entouré d’une myriade de temples au
milieu desquels trônent des statues de bouddha psychadéliques; des centaines de
pélerins prient intensément ou paient les bonzes pour qu’ils récitent des
prières; le tout dans un atmosphère de fin de journée, calme et de
recueillement. Un jeune birman qui a étudié dans un monastère indique à chacun
d’entre nous, selon son jour de naissance, quel divinité nous devons vénérer,
la planète du système solaire qui nous est rattachée et notre chiffre porte
bonheur; il nous montre aussi comment les diamants qui ornent le sommet de la
Schwedagon changent de couleur lorsque nous nous déplaçons.
Après deux heures dans ce lieu magique qui
nous auront donné l’impression de passer trop vite, nous nous sommes un peu
égaré dans ce labyrinthe de temples; il nous faudra gravir de nombreuses
marches avant de retrouver nos tongs alors que nos estomacs crient famine. Mais
quel premier contact enchanteur, marqué par la gentillesse des birmans qui,
spontanément, nous adressent la parole.
Et pour le 8 avril 1982, quelle est la divinité à vénérer ? et le chiffre porte bonheur et la planète ?
RépondreSupprimerTrèves de plaisanteries, c'est super d'avoir de nouveau de la lecture :-)
Grosses bises