samedi 31 mars 2012

Vientiane… 25 & 26 mars



Comme partout en Asie du Sud-Est, c'est simple :
brancher le fil rouge sur le bouton rouge !
La capitale laotienne, qui ressemble à une grosse bourgade de province, n’est pas réputée pour son charme ; pourtant tous ceux qui viennent la visiter ont l’air de s’y plaire, comme en témoignent les divers forum. Nous ne regretterons pas d’avoir choisi l’option “2 jours sur place”…

Nous reprenons la route 13 en minibus d’une quinzaine de places affrêté par les guesthouses de Vang Vieng, bagages sur le toit. 3H1/2 de cahots et de nids de poule plus tard, nous sommes à destination, au coeur d’une ville qui semble branchée à Thibaud, de prime abord.
Le Patuxay, l' "Arc de Triomphe" de Vientiane
En s’installant pour déjeuner à la terrasse d’un bistro… belge (!) au bord du Mékong (mais en fait loin, car le fleuve, pourtant canalisé,  doit bien sortir de son lit en saison humide), nous ne savons pas encore quelle tournure va prendre notre séjour. Un trio très en joie boit sa bière à la table d’à côté. Nos garçons, toujours avides de rencontres, rompent la glace, si on peut se permettre l’expression, eu égard à la météo et à la bonne humeur de nos voisins. Et c’est parti : Réjane la bretonne, nous propose d’habiter chez elle, Patrick, le prof de maths Néo-Z, invite Thibaud et Vincent à passer une matinée à l’école internationale, Carlson, l’enseignant américain, n’y voit rien à redire… Séduits à fond, nous disons “oui” à toutes ces propositions alléchantes.

Réjane vit au Laos depuis 4 ans
Pendant que notre hôtesse, ingénieure es barrages hydro- électriques, travaille, nous visitons en motocyclette les quelques “hot spots” de Vientiane, qui a été entièrement reconstruite à la fin du XIXème siècle et n’en compte donc pas beaucoup ; et c’est assez rigolo de se promener dans une capitale au coeur de l’Asie dont les noms de rue sont écrits à la fois en lao et en français. ; étrange aussi de trouver ici des maisons coloniales au style basque.

Baguettes & pain Français sur le marché ...
Nous faisons faire nos rappels de vaccins au centre médical de l’Ambassade de France ; nous paressons à l’ombre dans le charmant jardin de sa maison… Le soir, nous nous retrouvons à “l’Adresse” l’excellent restaurant de Tinay, un jeune chef d’origine lao, né en France et revenu au pays, maintenant qu’il devient intéressant d’y monter une entreprise – originale, nous précise t-il, car la concurrence est rude. Discuter de la mentalité lao avec Réjane et Tinay, qui ont choisi d’y rester en toute connaissance de cause, est vraiment passionnant, surtout autour d’un bon Côte du Rhône… Qu’est-ce qu’on apprend en ayant la chance d’être accueilli par des résidents !
... sont venues en brouette locale.





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dimanche 25 mars 2012

Vang Vieng dans son écrin de rivière et de montagnes… 22 au 24 mars



oeufs de fourmis (bac rose) et écureuils (Haut droit)
Séquence éxotique : avant de prendre la route, escapade très matinale (6h30) sur le marché de Phonsavan: on y trouve en vente  pour la cuisine des oeufs de fourmis, du porc-épic ou de l’écureuil volant ; le tout fraîchement chassé (braconné en fait).
Dites-moi, le blaireau, je vous le prépare en civet ?!


Toute la famille est là pour vendre ses poules sur le marché


La RN 13 n’a pas usurpé ses qualificatifs de route spectaculaire. Certes, ça tourne fort (“sharp curves” indiquent les panneaux), mais le paysage est partout grandiose, hérissé de pains de sucre, de mammelons, de pitons karstiques qui émergent de la brume omniprésente. D’ailleurs certains membres de la diaspora Hmong émigrés aux USA après les bombardements de 1970 à 1975 sont revenus visiter leurs terres en costume et semblent eux aussi apprécier la vue.

Point d’orgue : Vang Vieng, terme de notre périple, où nous quittons Leng et notre minivan grand confort pour un très joli hôtel. Nos bungalows donnent directement sur la rivière Nam Song, traversée par le pont à péage et les nombreuses passerelles de bambou ; juste derrière, un massif calcaire noir, dont nous avons du mal à détacher les yeux tant chaque moment de la journée l’illumine merveilleusement. Autre atout de l’hôtel : une belle piscine qui ravit toute la famille dans ce pays privé de façade maritime, où les occasions de se baigner  sont rares.
Séquence détente ...
... ou studieuse : maths pour l'un ...

... latin pour l'autre !


Et quelle surprise de voir passer à l’aube devant notre balcon une montgolfière, tout en silence à quelques mètres au dessus de la rivière ; séquence émotion !
Alors, un peu d’ “histoire culturelle” de Vang Vieng, pour vous mettre dans le bain et que vous compreniez pourquoi on a bien failli ne pas s’arrêter là… Quand on voyage en routard au Laos, on vient en général à Vang Vieng pour pratiquer le tubing – descente de la Nam Song assis dans une chambre à air de camion – boire le plus possible dans tous les bars qui jalonnent le parcours et faire la fête en consommant toutes les substances possibles soit-disant proposées à discrétion... Vous imaginez notre honorable famille dans un tel traquenard ? Et pourtant, comment priver les garçons de l’activité aquatique dont ils rêvent ?

Les étudiants vont au lycée à vélo
En réalité, quand nous louons nos mobylettes à 7H30 le matin, des foules d’écoliers partent en vélo vers leur collège ou lycée et seuls les laotiens prennent leur café dans les gargottes de la rue, où les bars à touristes sont déserts. Aucune trace de goudron sur les routes que nous empruntons aujourd’hui, des chemins poussièreux nous conduisent vers la grotte Thae Daeng. Pas facile d’en trouver l’entrée, absolument pas signalisée, pas facile non plus d’y progresser avec nos lampe-torches, car c’est un boyau étroit et  glissant censé nous conduire jusqu’à un lac… qui s’avère être plutôt une grande flaque d’eau !


dans les grottes

Après la raide ascension d’un piton en pleine chaleur, histoire de dominer le paysage, nous sommes récompensés par la fraîcheur du “Lagon Bleu”, un trou d’eau bleu clair et poissonneux dans lequel on peut se jeter au bout d’une corde ou en sautant d’un arbre en surplomb. Un petit resto, beaucoup de jeunes, de petits pavillons où s’étendre sur des nattes, de la musique planante… L’ambiance “farniente” se confirme. On ferait bien impasse sur la grotte qui motive l’aménagement de cet endroit délicieux et encore perchée en haut d’un chemin de chèvre escarpé.


Finalement, nous filons jusqu’au coucher du soleil à travers les massifs, les rizières sèches où les buffles d’eau s’ébrouent dans quelques mares ; l’occasion de faire du moto-cross, ce qui plait beaucoup aux enfants.
Mobylette-cross dans les rizières
Dans les villages, les habitants nous accueillent amicalement surtout quand des “falangs” viennent voir “égorger le cochon”.
On tue le cochon
Séquence tir de précision au lance-pierre ...
Nous avons réservé le fameux tubing pour le lendemain : entrainement en bouée dans la longue grotte “de l’Eau” puis parcours de 4 km sur la rivière avec arrêt-bière dans UN SEUL bar. Nous n’avions pas prévu qu’en fin de saison sèche, les rapides de la Nam Song sont particulièrement ralentis et que nous allions passer 3 heures dans nos bouées à ramer avec les bras… Thierry et Edith se jurent que, si jamais ils reviennent un jour, ils choisiront “kayacking” ! Quant aux fameux bars de tous les dangers, ils ne sont pas si nombreux, d’une part, et, d’autre part, ils attendent vraiment le client. On n’est plus en haute saison !
... ou boxe au dessus de la rivière ...
... après une pause déjeuner en bonne compagnie


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mercredi 21 mars 2012

Un tour dans le Nord 2 : de Nong Khiaw à Phonsavan… 19, 20 & 21 mars



Pour éviter l’étape du retour dans une ville sans charme, nous avions négocié avec Leng de nous arrêter un peu plus au Sud, à Nong Khiaw, au bord de la jolie rivière Nam Ou, là où elle est bordée d’impressionnantes falaises karstiques. Du coup, nous avons dû voyager sept heures et sommes arrivés trop tard pour admirer le fameux paysage. Apparemment, l’endroit est très touristique, car toutes les guesthouses les mieux situées affichaient complet et nous avons dû nous rabattre sur le second choix...
Ce  matin, grosse déception : un brouillard épais stagne sur la rivière et des routards français nous laissent entendre qu’il ne se lèvera pas avant midi alors que nous quittons le coin à… 10H !  Tout le monde adresse une petite prière à Bouddha, Edith croit toujours en sa bonne étoile et…  Miracle ! Le brouillard est déchiré par le soleil bien avant que nous ne retrouvions Leng pour le départ.

Les champs de tabac
Notre route repasse par Luang Prabang, où nous apprécions un dernier déjeuner sur une terrasse ombragée au bord du Mékong. Nous attaquons ensuite pour plusieurs heures une route de montagne escarpée, bordée de part et d’autre de paysages en contrebas qui doivent  être grandioses, mais sont hélas complêtement brouillés par la brume de chaleur et la fumée dense des brûlis. 

 

Cette nuit, nous dormirons en altitude, dans un village et quasiment chez l’habitant – un cousin de Leng qui gère une guesthouse et un restaurant plutôt “roots”. La “chambre” ne ferme pas et accueille quelques blattes, la douche ne fait qu’une avec les WC “à la chinoise” (c’est à dire à peu de chose près “à la turque”,mais 10.000km plus à l’Est) et sert aux hôtes comme aux clients, la cuisine de campagne est bien grasse… C’est épique, mais il y a une belle vue sur la montagne, un souffle de vent frais très agréable et nous dormirons bien.

Lendemain. La route 13 continue de serpenter sur les lignes de crêtes, traversant des villages perchés et de spectaculaires vallées, que les laos déforestent méthodiquement (quel gâchis !). Malgré ces paysages, nous commençons tous les quatre à être fatigués par toutes ces heures en voiture : un signe alarmant, nous perdons l’appêtit et même la BeerLao bien fraîche ne ravive plus l’éclat de notre oeil…

Grenouilles & mini zoziaux grillés, ça vous dit ?

Phonsavan. Après l’inconfort de la veille, nous rêvons d’un hôtel, un vrai, et de nourriture un peu moins extrême et… nous nous l’offrons ! Phonsavan est la capitale de la province de Xieng Khouang ; Ca ne vous dit rien, évidemment ; à nous non plus avant d’en découvrir l’effroyable histoire. Cette région a été la plus bombardée du monde entier et de tous les temps pendant la guerre du Vietnam alors que, tenez-vous bien, le Laos était un état officiellement neutre ! Un petit musée nous apprend que les américains et les vietnamiens ont balancé là la modeste quantité de 2 millions de tonnes de bombes, dont 30% n’ont pas explosé et constituent encore un risque quotidien pour les civils, essentiellement agriculteurs. Il projette aussi des films choc.
les bombies
 Celui que nous voyons ce soir nous laissera bouleversés, il commence ainsi “On a tous entendu parler des conséquences désastreuses des guerres au Vietnam et au Cambodge. Qui a jamais entendu parler de la guerre “secrète” au Laos ?” ; il montre quel tribut paye aujourd’hui la population laotienne : retard au développement, nombreuses victimes 40 ans après le conflit, refus des Etats Unis d’admettre la moindre responsabilité…
Les laos ont le sens de la dérision...

Heureusement, les volontaires du MAG (Mines Adversory Group)  sont là, essayant, à pas de fourmi, de débarrasser leur terre de tous les matériels explosifs qu’elle contient encore pour que les fermiers n’aillent plus cultiver leurs rizières la peur au ventre et que les enfants puissent jouer avec autre chose que ces “bombies” à l’innocente apparence de balles de tennis ; en fait les bombies sont des bombes à fragmentation qui tuent encore un civil par jour. Ils font un boulot remarquable. Si vous voulez les aider, n’hésitez pas !

Phonsavan, c’est aussi la mystérieuse “Plaine des Jarres” : énormes monolithes de grès évidés disséminés dans la campagne creusée de cratères de bombes ; ils auraient servi de sarcophages à l’âge du fer. C’est aussi Muang Khoun, l’ancienne capitale au milieu des rizières, tellement bombardée qu’elle a dû être abandonnée en 1975 au profit justement de Phonsavan. Là, les belles maisons de bois ont une architecture différente et les villageois nous accueillent chaleureusement.


galettes de riz, matière première des nouilles pour la soupe 
Ce qui reste du plus grand temple de Muang Khoum, bombardé
Les villageois nous invitent pour l'apéritif...
ici, un volontaire du MAG
... On partage l'alcool de riz.
Ici, tout se recycle : on lave les Pampers pour un nouvel usage !
On a hésité à adopter un petit laotien...
On a choisi des chiots !


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