dimanche 18 mars 2012

Un tour dans le Nord : de Luang Prabang à Muang Sing et retour… 16,17 & 18 mars



On a cédé à la facilité aux dépends de l’économie en sous-traitant cette semaine de découverte à une agence. Nous prenons donc la route dans un van climatisé hyper confortable (le hic, c’est qu’on y dort tout le temps), conduit par Leng qui parle assez d’anglais pour qu’on échange, avec comme objectif de visiter des villages de minorités ethniques dans les montagnes du Nord.
Première étape : Luang Nahmta, une ville-rue sans charme que nous atteignons au bout de 7 heures de trajet (à peine 200 km, mais la moitié en route défoncée poussièreuse, limite piste). Heureusement, les paysages de montagne, et  parfois encore de forêt dense, sont impressionnants.

La pétanque, un reste de l'époque coloniale ...
Une pensée pour nos amis du Sud !
C’est le jour suivant que les choses plus intéressantes commencent : on prend le poul sur le marché où quelques femmes Akha ou Thaï-dam sont descendues vendre leurs légumes, racines ou herbes. A quelques kilomètres de Muang Sing et pas plus de la frontière chinoise, dont nous ne serons plus jamais aussi près, nous dénichons une guesthouse campagnarde entourée de rizières et de villages Akha et Yao. Nous retenons sans hésiter les chambres à… 5€ et partons dans la foulée, accompagnés d’un petit “guide” local de 8 ans couvert de poussière, à la découverte de son village. Le nombre d’accompagnants ne cessera de gonfler au cours de l’après-midi et de la matinée du lendemain, où nous visitons d’autres villages.



Femme de la tribu Akha
L'heure de la douche chez les Ya-o ...
où les déchets plastique ne sont pas ramassés.
Comment ne pas céder à l'artisanat local ?
Leng, notre chauffeur, et notre escorte de guides locaux
Thibaud apprend aux enfants Akhas à compter en Anglais
Nous y sommes bien accueillis, surtout en ce dimanche matin où tous les habitants sont là et viennent à la rencontre des “falangs” (étranger, en lao). Bien sûr, comme partout, on essaie de nous vendre des babioles fabriquées artisanalement (bon, c’est vrai, les broderies Ya-o sont tentantes), mais les lao n’ont pas la spontanéité des birmans, sourient moins facilement et ne se prêtent pas toujours volontiers au jeu des photos.
Thibaud est particulièrement à l’aise avec les enfants des villages; il offre un petit ballon de foot qu’il gardait dans son sac à dos depuis 7 mois, et entame avec son frère et leur nouvelle bande de copains une partie endiablée dans la poussière.
La partie de foot au village
Séchage des fibres avant le tissage
Par ailleurs, nous voyons bien, depuis notre trek en Thaïlande, que nous avons à faire à des communautés très jeunes,  aspirant à la “modernité” ; seuls les anciens perpétuent la tradition, qui risque de ne pas tarder à être relèguée au rang de folklore.
Car chaque maison de bois ou de bambou dispose de télé avec antenne parabolique; à maintes reprises, nous observons des femmes d’âge mûr (Yao) broder pendant que les jeunes sont scotchés devant une série à l’eau de rose.
Signe de déforestation
Et surtout la Chine, toute proche, inonde les pays frontaliers de produits manufacurés, dont les laotiens (comme les birmans) sont conscients de la moindre qualité. Mais, comme chez nous en France, comment résister aux prix bas proposés lorsqu’on en ressent le nouveau besoin ? Un scooter chinois coûte trois fois moins cher que son homologue Thaïlandais, et ici, le scooter est essentiel: il est d’ailleurs souvent garé la nuit dans l’enceinte même de l’habitation, à côté des lits-paillasse.
De plus, les Chinois savent y faire : ils financent des routes neuves… pour mieux transporter les marchandises qu’ils exportent ou importer le bois par dizaine de camions. Dans ces régions du Nord du Laos, la déforestation est vraiment visible sur toutes les montagnes ; alors, bien sûr, ils replantent des hévéas … dont la sève produira le caoutchouc des usines pneumatiques chinoises. Fini la colonisation territoriale, l’esclavage moderne se fait via le commerce transfrontalier ; Leng, notre chauffeur, nous explique que les agriculteurs sont payés 2€ par jour de travail pour ramasser des pastèques 7J/7 qui partent par camions entiers sur le marché chinois.
Loin de nous l’idée de blamer les laotiens; car comment résister au système ? Pour s’acheter TV, scooter, téléphone portable, il faut l’argent que les chinois leur offrent pour des tâches agricoles difficiles et mal payées.
Le tourisme est bien plus rémunérateur mais il nécessite de parler anglais, donc d’aller dans des écoles privées coûteuses, et peu de familles de minorités ethniques peuvent les financer ; la boucle est bouclée : mon fils (ou ma fille), tu continueras à travailler dans les champs pour un salaire de misère !

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2 commentaires:

  1. Un de vos meilleurs articles depuis le début, je trouve... La plongée dans les villages laos, les marchés, les enfants qui jouent au foot, la déforestation, et les observations sur l'évolution de ce monde qui s'en va et est remplacé par la mainmise économique chinoise. Ceux-là même qui au XXe Siècle nous donnaient des leçons de communisme et d'anti-impérialisme, envahissent aujourd'hui le monde de leurs produits fabriqués dans des usines où ils sont exploités par leurs classes dirigeantes !
    Merci.
    Jean-Michel

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  2. Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrr, ils sont partout ces chinois !!! Bien contente de n'avoir plus ce pays "à ma carte" !!

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