Pour éviter l’étape du retour dans une
ville sans charme, nous avions négocié avec Leng de nous arrêter un peu plus au
Sud, à Nong Khiaw, au bord de la jolie rivière Nam Ou, là où elle est bordée
d’impressionnantes falaises karstiques. Du coup, nous avons dû voyager sept
heures et sommes arrivés trop tard pour admirer le fameux paysage. Apparemment,
l’endroit est très touristique, car toutes les guesthouses les mieux situées
affichaient complet et nous avons dû nous rabattre sur le second choix...
Ce matin,
grosse déception : un brouillard épais stagne sur la rivière et des routards
français nous laissent entendre qu’il ne se lèvera pas avant midi alors que
nous quittons le coin à… 10H ! Tout le
monde adresse une petite prière à Bouddha, Edith croit toujours en sa bonne
étoile et… Miracle ! Le brouillard est
déchiré par le soleil bien avant que nous ne retrouvions Leng pour le départ.
Les champs de tabac |
Notre route repasse par Luang Prabang, où
nous apprécions un dernier déjeuner sur une terrasse ombragée au bord du
Mékong. Nous attaquons ensuite pour plusieurs heures une route de montagne
escarpée, bordée de part et d’autre de paysages en contrebas qui doivent être grandioses, mais sont hélas complêtement
brouillés par la brume de chaleur et la fumée dense des brûlis.
Cette nuit,
nous dormirons en altitude, dans un village et quasiment chez l’habitant – un
cousin de Leng qui gère une guesthouse et un restaurant plutôt “roots”. La
“chambre” ne ferme pas et accueille quelques blattes, la douche ne fait qu’une
avec les WC “à la chinoise” (c’est à dire à peu de chose près “à la turque”,mais
10.000km plus à l’Est) et sert aux hôtes comme aux clients, la cuisine de
campagne est bien grasse… C’est épique, mais il y a une belle vue sur la
montagne, un souffle de vent frais très agréable et nous dormirons bien.
Lendemain. La route 13 continue de
serpenter sur les lignes de crêtes, traversant des villages perchés et de
spectaculaires vallées, que les laos déforestent méthodiquement (quel gâchis
!). Malgré ces paysages, nous commençons tous les quatre à être fatigués par
toutes ces heures en voiture : un signe alarmant, nous perdons l’appêtit et
même la BeerLao bien fraîche ne ravive plus l’éclat de notre oeil…
Grenouilles & mini zoziaux grillés, ça vous dit ? |
Phonsavan. Après l’inconfort de la veille, nous rêvons d’un hôtel, un vrai, et de nourriture un peu moins extrême et… nous nous l’offrons ! Phonsavan est la capitale de la province de Xieng Khouang ; Ca ne vous dit rien, évidemment ; à nous non plus avant d’en découvrir l’effroyable histoire. Cette région a été la plus bombardée du monde entier et de tous les temps pendant la guerre du Vietnam alors que, tenez-vous bien, le Laos était un état officiellement neutre ! Un petit musée nous apprend que les américains et les vietnamiens ont balancé là la modeste quantité de 2 millions de tonnes de bombes, dont 30% n’ont pas explosé et constituent encore un risque quotidien pour les civils, essentiellement agriculteurs. Il projette aussi des films choc.
les bombies |
Celui que nous voyons ce soir
nous laissera bouleversés, il commence ainsi “On a tous entendu parler des
conséquences désastreuses des guerres au Vietnam et au Cambodge. Qui a jamais
entendu parler de la guerre “secrète” au Laos ?” ; il montre quel tribut paye
aujourd’hui la population laotienne : retard au développement, nombreuses
victimes 40 ans après le conflit, refus des Etats Unis d’admettre la moindre
responsabilité…
Les laos ont le sens de la dérision... |
Heureusement, les volontaires du MAG (Mines
Adversory Group) sont là, essayant, à
pas de fourmi, de débarrasser leur terre de tous les matériels explosifs
qu’elle contient encore pour que les fermiers n’aillent plus cultiver leurs
rizières la peur au ventre et que les enfants puissent jouer avec autre chose
que ces “bombies” à l’innocente apparence de balles de tennis ; en fait les
bombies sont des bombes à fragmentation qui tuent encore un civil par jour. Ils
font un boulot remarquable. Si vous voulez les aider, n’hésitez pas !
Phonsavan, c’est aussi la mystérieuse
“Plaine des Jarres” : énormes monolithes de grès évidés disséminés dans la
campagne creusée de cratères de bombes ; ils auraient servi de sarcophages à
l’âge du fer. C’est aussi Muang Khoun, l’ancienne capitale au milieu des
rizières, tellement bombardée qu’elle a dû être abandonnée en 1975 au profit
justement de Phonsavan. Là, les belles maisons de bois ont une architecture différente
et les villageois nous accueillent chaleureusement.
galettes de riz, matière première des nouilles pour la soupe |
Ce qui reste du plus grand temple de Muang Khoum, bombardé |
Les villageois nous invitent pour l'apéritif... |
ici, un volontaire du MAG |
... On partage l'alcool de riz. |
Ici, tout se recycle : on lave les Pampers pour un nouvel usage ! |
On a hésité à adopter un petit laotien... On a choisi des chiots ! |
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Mentions spéciales pour :
RépondreSupprimer1/ les pampaers recyclée, il fallait y penser !!
2/ la dernière photo qui est tout simplement splendide.
Bises Levalloisiennes
ET l'apéro, c'était des mojitos ?? On dirait des feuilles de menthe sur la photo !!
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