Va-t-on être bloqué sur l’ile de Weh pour cause de mauvais
temps ? Non, le vent s’est calmé dans la nuit et, contrairement à la veille,
notre slow boat pourra appareiller. Le soleil radieux du matin nous permet ne
nous installer à l’air libre sur le pont
supérieur ; de toute façon, nous n’avions pas trop le choix: le
surbooking fait que toutes les places à l’abri sont occupées.
Totalement incroyable, Deny, l’opticien né à Bali rencontré
à l’aller vers Weh, va spontanément nous consacrer son vendredi ; à 36 ans,
marié et père de deux enfants, il travaille dur pour économiser afin de
remonter un magasin à Bali ; le sien a fait faillite quand les touristes ont déserté
son île natale après le triple attentat de 2002.
Son objectif final est de pouvoir prendre une retraite
active jeune afin d’exploiter ses terres et ses bassins d’aquaculture qu’il a
acheté sur l’île de Java;
images insoutenables du tsunami |
Avec Deny, les échanges sont intenses : musulman modéré, il réfute
la loi islamique qui régit cette région de Banda Aceh ; il nous emmène sur les
lieux de commémoration du tsunami du 26 décembre 2004 qui a fait 270.000 morts
et totalement détruit les zones situées au niveau de la mer. Devant des photos
très émouvantes car elles n’hésitent pas à montrer des cadavres meurtris, les
enfants prennent conscience de la force et des effets dévastateurs de ce
phénomène naturel. Car tout avait été anéanti, ou presque ; en voyant qu’en
ville, la mosquée avait été épargnée, Thibaud et Vincent parlent de miracle.
Ce bateau s'est retrouvé juché sur une maison à 4 km. de son port d'attache. Les 56 personnes qui s'y sont réfugiées furent sauvées. |
Thibaud n'apprécie pas l'odeur du poisson séché. |
Et la vie a repris le dessus : les vaches trainent de
nouveau librement sur les routes bordées de vendeurs de poisons séchés, le
catamarans de pêche tirent nonchalamment sur leur corps-mort en attendant de
partir en mer.
Deny s’arrête chez sa “mère adoptive” qui nous offre le
déjeuner dans sa maison dénuée de tout confort ; quelle générosité de la part
de cette femme souriante et timide qui vit avec un agriculteur dont la famille
a péri noyée ; des voisins viennent échanger des sourires avec nous et, comme
d’habitude, Vincent, avec son charmant minois –“chantik=mignon”- manque d’être
définitivement adopté par la maîtresse de maison.
Deny, adorable jusqu’au bout, trouve et négocie pour nous des
chambres au Grand Hotel Aceh avant de
repartir dans sa famille en nous donnant rendez-vous le lendemain afin de nous
accompagner à l’aéroport. Dîner de satay (brochettes au BBQ, sauce cacahuète)
dans des stands de rues : nous sommes les seuls touristes et faisons bien rire
les indonésiens locaux.
Avant d’aller visiter le musée du Tsunami, il nous faut
tenter d’avaler un petit déjeuner 100% indonésien (riz, légumes, poisson) car
notre hôtel accueille peu d’occidentaux : pas facile mais nous n’avons pas le
choix ! idem lors de la visite de la mosquée d’Aceh qui ne voit pas souvent de
touristes : il nous faudra 15 minutes pour trouver le gardien qui nous prête
les blouses à revêtir par les non-musulmans. Même si nous n’avons pas le droit
d’y pénétrer, cette mosquée est un joli bâtiment ; elle a bien fait de résister
au tsunami ; d’un peu loin, nous verrons un mariage et des familles bien
habillées pour le célébrer.
La famille des mariés |
De nombreuses personnes nous déconseillaient d’aller dans
cette région d’Aceh, fortement islamisée et même réputée dangereuse ; nous ne regrettons pas d’y avoir passé deux
jours. Nous y avons trouvé des musulmans très accueillants, toujours souriants
malgré les épreuves qu’ils ont vécues, désireux de s’adresser à nous avec leurs
trois mots d’anglais et toujours prêts à nous aider.
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