lundi 4 juin 2012

Deny, l’ami de Banda Aceh… 1er & 2 juin


Va-t-on être bloqué sur l’ile de Weh pour cause de mauvais temps ? Non, le vent s’est calmé dans la nuit et, contrairement à la veille, notre slow boat pourra appareiller. Le soleil radieux du matin nous permet ne nous installer à l’air libre sur le pont  supérieur ; de toute façon, nous n’avions pas trop le choix: le surbooking fait que toutes les places à l’abri sont occupées.

Totalement incroyable, Deny, l’opticien né à Bali rencontré à l’aller vers Weh, va spontanément nous consacrer son vendredi ; à 36 ans, marié et père de deux enfants, il travaille dur pour économiser afin de remonter un magasin à Bali ; le sien a fait faillite quand les touristes ont déserté son île natale après le triple attentat de 2002.
Son objectif final est de pouvoir prendre une retraite active jeune afin d’exploiter ses terres et ses bassins d’aquaculture qu’il a acheté sur l’île de Java;
images insoutenables du tsunami
Avec Deny, les échanges sont intenses : musulman modéré, il réfute la loi islamique qui régit cette région de Banda Aceh ; il nous emmène sur les lieux de commémoration du tsunami du 26 décembre 2004 qui a fait 270.000 morts et totalement détruit les zones situées au niveau de la mer. Devant des photos très émouvantes car elles n’hésitent pas à montrer des cadavres meurtris, les enfants prennent conscience de la force et des effets dévastateurs de ce phénomène naturel. Car tout avait été anéanti, ou presque ; en voyant qu’en ville, la mosquée avait été épargnée, Thibaud et Vincent parlent de miracle.
Ce bateau s'est retrouvé juché sur une maison
à 4 km. de son port d'attache.
Les 56 personnes qui s'y sont réfugiées furent sauvées.
 Direction la campagne au nord-ouest de Sumatra ; les villages, les routes ont été reconstruits grâce à l’aide internationale; Thierry est impressionné de voir qu’il ne reste quasiment plus de traces de ce cataclysme ; Edith est surprise de constater que les habitants sont venus se réinstaller aux mêmes endroits, dans une zone à fort risque sismique.
Thibaud n'apprécie pas l'odeur du poisson séché.
Et la vie a repris le dessus : les vaches trainent de nouveau librement sur les routes bordées de vendeurs de poisons séchés, le catamarans de pêche tirent nonchalamment sur leur corps-mort en attendant de partir en mer.

Deny s’arrête chez sa “mère adoptive” qui nous offre le déjeuner dans sa maison dénuée de tout confort ; quelle générosité de la part de cette femme souriante et timide qui vit avec un agriculteur dont la famille a péri noyée ; des voisins viennent échanger des sourires avec nous et, comme d’habitude, Vincent, avec son charmant minois –“chantik=mignon”- manque d’être définitivement adopté par la maîtresse de maison.

Deny, adorable jusqu’au bout, trouve et négocie pour nous des chambres au Grand  Hotel Aceh avant de repartir dans sa famille en nous donnant rendez-vous le lendemain afin de nous accompagner à l’aéroport. Dîner de satay (brochettes au BBQ, sauce cacahuète) dans des stands de rues : nous sommes les seuls touristes et faisons bien rire les indonésiens locaux.
Avant d’aller visiter le musée du Tsunami, il nous faut tenter d’avaler un petit déjeuner 100% indonésien (riz, légumes, poisson) car notre hôtel accueille peu d’occidentaux : pas facile mais nous n’avons pas le choix ! idem lors de la visite de la mosquée d’Aceh qui ne voit pas souvent de touristes : il nous faudra 15 minutes pour trouver le gardien qui nous prête les blouses à revêtir par les non-musulmans. Même si nous n’avons pas le droit d’y pénétrer, cette mosquée est un joli bâtiment ; elle a bien fait de résister au tsunami ; d’un peu loin, nous verrons un mariage et des familles bien habillées pour le célébrer.
La famille des mariés
De nombreuses personnes nous déconseillaient d’aller dans cette région d’Aceh, fortement islamisée et même réputée dangereuse ;  nous ne regrettons pas d’y avoir passé deux jours. Nous y avons trouvé des musulmans très accueillants, toujours souriants malgré les épreuves qu’ils ont vécues, désireux de s’adresser à nous avec leurs trois mots d’anglais et toujours prêts à nous aider.


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