mardi 29 mai 2012

Derniers jours en Malaisie… 23 au 27 mai

Maison traditionelle de l'etnie Melanau
Il nous reste deux jours pour nous imprégner de la culture de Bornéo.
Notre adorable chauffeur de taxi attitré, Abdelaman, nous emmène donc au “Sarawak Cultural Village”, où les habitats de toutes les ethnies qui peuplent cet état ont été très respectueusement reconstitués. Nous nous régalons de leurs traditions au cours d’un spectacle de danses coloré et parfois très drôle, notamment le chasseur à la sarbacane.
malaise
Orang Ulu
Bidayuh
Drôle, mais surtout très beau !
Dans une Longhouse iban
quels guerriers !
En traversant de “Little India” de Kuching et son marché aux épices, nous arrivons au musée d’ethnologie qui, bien que vieillot et poussièreux, se révèle une bonne source d’informations complémentaire en arts primitifs et photos émouvantes des premiers explorateurs occidentaux.


Nous n’oublions pas les nourritures terrestres et retournons au Junk, en compagnie de Danièle et Etienne : la souris d’agneau et la purée de pommes de terre y sont trop bonnes ! In extremis, avant de rejoindre l’aéroport, et sous un orage d’une rare violence, nous glissons littéralement sur les trottoirs et sous nos parapluies déguster une assiette des fameuses fougères “tête de violon” frites qu’on ne trouve qu’ici.
Vincent teste la sarbacane pendant le shopping des souvenirs ...
et nous les midin (fougères tête de violon)
Billets de Malaisie
Et voilà, nous revenons encore une fois “chez nous”, à l’Explorers guesthouse de Kuala Lumpur. Nous avons déjà ressenti plusieurs fois ce sentiment de “rentrer”, de prononcer spontanément “à la maison “ en parlant d’un quartier ou d’un hôtel où nous avons déjà séjourné, de nous repérer spontanément dans un environnement connu. Ce doit être le syndrome du voyageur d’avoir quand même envie de se trouver des ports d’attache…???


Alors, on va s’acheter une valise jaune à Chinatown – la rouge rend l’âme et ne nous sert plus à grand chose puisqu’elle vient de passer un mois sans nous à KL -  trainer à Central Market, déjeuner chez Bob M au Reggae Bar… Que des endroits familiers !

Nous passons le week end avec Nathalie, l’amie de 23 ans de Thierry, et sa famille. Ils nous accueillent dans le "petit" appart de 400 m2 de leur condominium d’expatriés.  Nous nous entendons vraiment bien et après de nombreuses discussions, un pique nique au bord d’une cascade, une dégustation de crabe sauce au beurre à pleins doigts dans un restaurant chinois sur une colline aérée de KL, des séjours prolongés des enfants dans la piscine de la résidence, un dernier regard sur les tours Petronas illuminées… nous avons bien du mal à nous quitter tous les huit.

Pierre, Ninon et nos deux gars
Notre tablée du Siu Siu vue du ciel

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mercredi 23 mai 2012

La planète des singes …21 & 22 mai


ici on pose des filets de pêche

A ½ heure de route de Kuching et de son ambiance urbaine, nous prenons le bateau pour le Parc National de Bako ; Cyril, métis de deux ethnies de Bornéo (iban & bidayuh) sera notre guide durant ces 2 jours “nature”.

Juste le temps de quitter nos tongs pour des chaussure de marche, et hop, direction la plage de Telok Paku ; mais pour cela, il faut grimper dans une jungle inextricable. Toute la bande transpire à grosses gouttes, mais garde secrètement l’espoir de pouvoir observer une bébête sauvage; bien sûr, il y a des centaines de crabes colorés dotés d’une pince unique plus grosse que leur corps ; et dans la mangrove, des “poisons-sauteurs” munis de deux pattes avant dans un corps de poisson ; bizarre. Et puis, des sangliers barbus, de taille parfois très respectable, qui font le comité d’accueil à la cafétéria. 
C’est déjà pas mal car le paysage est splendide et la flore luxuriante, mais il règne de la déception dans l’air : verra-t-on enfin ces singes exotiques promis dans les brochures touristiques ?
Un gros mâle...
Eh bien oui, et par dizaines ! il suffisait d’attendre la fin de leur sieste …
Les nasiques sont nos préferés, et faciles à reconnaître: femelles au nez pointu et mâles à gros tarin, type Obélix ! Végétariens, ils sautent d’arbre en arbre – jusqu’à 8m - avec une facilité déconcertante. L’agilité dans leur déplacement laisse bouche bée les primates scotchés au sol que nous sommes !

une femelle, ...
à votre avis ?
jump !
Afin de mieux observer les singes, Cyril nous emmène sur une passerelle au-dessus de la mangrove, et nous tombons nez à nez – l’expression est vraiment appropriée- avec un groupe d’entelles argentés; regardez ces bonnes tronches ! Pas effarouchés, ils continuent en toute liberté à brouter des feuilles, car c’est l’heure du dîner. De fait nous avons rabattu un groupe de nasiques vers un point d’observation idéal sur pilotis.
A l’instant où Thibaud voit ces singes traverser les pattes dans l’eau, il saute de joie en s’appuyant sur la rambarde de la plateforme…qui se brise ! Voilà notre gars tombé à l’eau qui se relève sans mal, de l’eau au niveau du genou.
De quoi nous mettre en condition ...
D’abord il rigole, et immédiatement il est pris de panique. Pourquoi ?
D’abord, il repense aux multiples avertissements et photos d’accidents liés aux crocodiles présents à l’entrée du parc.

De plus, nous avions sympathisé la veille avec Etienne et son épouse Danièle, 69ans, des retraités-routards ; Durant le diner, ils nous avaient raconté d’incroyables histoires de chasse au crocodile depuis une pirogue en Afrique il y a 40 ans; Vincent en avait même fait des cauchemars.
“Je suis trop jeune, je neveux pas mourir comme ça” hurle Thibaud en essayant désespérément de remonter sur le ponton. Ses parents un peu en retard, n’ont pas vu la scène ; mais ils ne sont pas inquiets car notre guide nous avait même proposé de nous baigner. “Sauvé” et remonté sur la plateforme, Thibaud retrouve son sourire; il raconte à Cyril qu’agé de deux ans, il était déjà tombé dans le port d’Honfleur. Plus de peur que de mal, et des souvenirs pour ses petits enfants ! Il dira d’ailleurs de ce séjour à Bako que ce seront ses meilleurs moments en Malaisie.
le sauvetage en direct ...
Pourtant, il était bien prévenu !
Il ne faut pas oublier les macaques, ces singes très malins, mais aussi agressifs. Thierry laisse une orange quelques secondes sans surveillance dans son bungalow, et hop un macaque chapardeur lui embarque son en-cas et le déguste avec un “sourire” béat à quelques mètres.

Edith & Vincent prennent un bain avec leurs nouveaux amis !
Au diner, une grande bande de français se constitue et échange dans la bonne humeur leurs aventures de voyage ; s’ensuit une balade nocturne pour observer lucioles, vipères ou nasiques dormant assis sur leur branche. Il est temps pour nous de dormir aussi, à peine moins à la dure dans notre chalet de bois – vieille douche commune et lit sans drap (juste le jour où on a oublié les sacs à viande…).

Après avoir assisté au petit déjeuner acrobatique des nasiques, Edith part marcher 3 heures avec les enfants jusqu’à trouver Telok Pandan Kecil, une baie de rêve pour se baigner dans une mer à 30° ; Thierry, choisit l’option plus cool d’une balade botanique au cours de laquelle Cyril lui explique les utilisations alimentaires ou médicinales des plantes de cette forêt sauvage digne des aventures d’Indiana Jones.
Le sea stack en pierre de sable
Selamat tingal (au revoir) Bako !

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mardi 22 mai 2012

Bornéo, île des “coupeurs de tête” et Kuching, ville des “chats”… 18 au 20 mai


Nous avons presque eu “la larme à l’oeil” en quittant Tioman et les pensionnaires du Minang Cove, devenus des copains. A Mersing, débarcadère du ferry en retard d’1h30 (c’est l’Asie !), où nous passons la nuit, nous hésitons longuement sur le chemin à suivre pour Bornéo… En vue de prendre l’avion pour Kuching, allons-nous faire 6 heures de bus vers le Nord-Ouest pour Kuala Lumpur ou partir 200km au Sud pour Johor Bahru (dites JB, presque Singapour) ?

Nous aurons donc la soirée pour explorer cette surprenante bourgade très chinoise: ici les commerces ferment à 22H.- contre 17H partout ailleurs sur la côte Est –les supermarchés et vendeurs de téléphonie mobile sont à touche-touche dans des rues sans âme; heureusement nous dénichons une gargotte indienne dont l’équipe sympathique semble étonnée de voir des occidentaux s’arrêter à leur table: excellent et copieux diner familial, le tout pour 8€; et le lendemain, régal aussi au petit déjeuner (roti canaï) pour 4€; amis restaurateurs Français, je ne sais pas si ces prix au ras des paquerettes sont liés à la baisse de la TVA !
Finalement, nous optimisons en optant pour un taxi vers l’aéroport de Johor Bahru ! Après 1H1/2 de vol, nous atteignons Bornéo.
Au grand étonnement de Thierry, l’aéroport de Kuching n’est pas une hutte en rondins et le comité d’accueil n’a rien d’une assemblée sauvage de chasseurs tatoués demi-nus armés de sarbacanes mélés à des orang-outans au poil roux…  Et non, Bornéo ne ressemble en rien à un poster d’agence de voyage vantant la profondeur de la jungle et l’authenticité de ses tribus iban, penan, bidayuh… et Kuching est même un grand village hyper moderne de 600 OOO habitants !!!
 D’ailleurs, Kuching, capitale de l’état de Sarawak, signifie en malais “chat”. La bestiole est donc à l’honneur, à laquelle on a dédié des statues et un musée.
Ces données intégrées, nous arpentons la voie sur berge de la rivière Sarawak bordée d’immenses hôtels de chaînes internationales, du Chinatown local et de quelques bâtiments coloniaux édifiés sous le règne d’un anglais fantasque et mégalo qui s’était proclamé “Rajah blanc” de l’état au XIXème siècle. Il est bien agréable de s’y balader et d’y boire un verre “sans alcool” en  admirant les jonques traditionnelles dans le coucher du soleil.
Nous logeons dans la mansarde d’un hôtel “petit budget”, d’où nous imaginons chaque jour un itinéraire différent.
Ainsi, nous irons voir les orang-outans quasi-sauvages d’un centre de réhabilitation de l’espèce. Grande chance à l’heure de la distribution de bananes et de noix de coco, la moitié de la tribu nous présente une vraie demonstration d’acrobatie dans les lianes, tout en balançant allègrement leur quintal.

N'ont-ils pas l'air humain ?
Une mère & son petit se sont écartés de l'espace réglementaire,
nous en profitons
Tout le monde sous le même toit ...
Nous découvrirons comment des villageois de l’ethnie Bidayuh vivent encore dans une “longhouse”, système d’habitation collectif traditionnel, ou chacun possède des appartements mais prête ses bras aux repas et aux taches communes.

... et à la même table.
Sèchage du fameux poivre de Sarawak
Et nous passerons un dimanche “au bord de l’eau” avec croisière sur la rivière et
l’incontournable marché du week-end.


Que n'a-t-on encore jamais vu sur les marchés d'Asie ?
Des fougères à poêler,
Des méduses pour sushi,
des coeurs de cocotiers pour la soupe,
Des petits lots de légumes et de poissons si bien rangés.
Cantine à 2 sous le midi ...
Comme nous avons économisé sur le logement, let’s go pour se lâcher dans un resto branché, car Bornéo, c’est aussi branché, totalement loufoque mais excellent et dont les assiettes ont le diamètre d’une bassine; en sortant dans la rue, nous avons envie de chanter “j’ai la peau du ventre bien tendue, merci petit petit Jésus” (voir pourquoi au paragraphe suivant).
... Le "Junk", branché, le soir.
Le Sarawak a une physionomie différente des états de la péninsule malaise :  seul, un tiers de la population est musulman, la proportion de chinois qui tiennent le commerce est très importante, mais ce sont les chrétiens qui sont ici majoritaires. Du coup les parents envisagent d’aller à l’office du Dimanche à la Cathédrale; mais l’envie des enfants n’est pas très prononcée et la messe de 10H. est … en chinois; donc nous renonçons !


Coupeur de tête reconverti.
Kuching s’est étendue assez récemment et s’entoure d’immenses banlieues industrielles ou commerciales. Pendant que nous y résidons se tient même une convention des femmes chefs d’entreprise de Malaisie dans un gigantesque palais des congrès à l’architecture futuriste. On est loin des “coupeurs de têtes”, pratique rituelle de prestige et d’honneur interdite depuis le début du XXème siècle ! Ah, c’est vrai, on a quand même vu une poussièreuse pyramide de crânes dans la longhouse, témoignage du passé oblige ! L’histoire ne dit pas s’il s’agit de crânes de guerriers d’une tribu ennemie ou celle de Japonais, les Anglais ayant judicieusement ré-introduit cette pratique contre l’envahisseur nippon en 1942…

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